Cheikh Anta Diop
Aujourd’hui encore, de tous les peuples de la terre , le Nègre d’Afrique Noire seul peut démontrer de façon exhaustive l’identité d’essence de sa culture avec celle de l’Égypte pharaonique à telle enseigne que les deux cultures peuvent servir de système de référence réciproque. Il est le seul à pouvoir se reconnaître encore indubitablement dans l’univers culturel Égyptien. Il s’y sent chez lui, il n’y est point dépaysé comme le serait tout autre homme qu’il soit Indo-Européen ou Sémite. Autant un Occidental, aujourd’hui encore, en lisant un texte de Caton ressent l’écho de l’âme de ses ancêtres, autant la psychologie et la culture révélées par les textes égyptiens s’identifient à la mentalité Nègre. Et les études Africaines ne sortiront du cercle vicieux où elles se meuvent pour retrouver tout leur sens et toute leur fécondité qu’en s’orientant vers la vallée du Nil. Réciproquement, l’égyptologie ne sortira de sa sclérose séculaire, de l’hermétisme des textes que le jour où elle aura le courage de faire exploser la vanne qui l’isole de la source vivifiante que constitue pour elle le monde Nègre.